Skin Deep - Dossier de presse / Press release
© Karlheinz Weinberger, courtesy Galerie Esther Woerdehoff
Skin Deep
Exposition / Exhibition: 07.06 - 14.07.2018
Vernissage : Jeudi 7 juin 2018, de 18h à 21h
Opening reception: Thursday, June 7th 2018, from 6 pm to 9 pm
Texte de Carine Dolek
Texte de Carine Dolek
«Ce qu’il y a de plus profond en l’homme, c’est la peau
En tant qu’il se connaît.» Paul Valéry, L’Idée fixe, 1931
Paul Valéry, moustachu disciple du moustachu Mallarmé, est un poète open source revendiqué : “Mes vers ont le sens qu’on leur prête”. Ils sont le support à la fois d’une formidable maîtrise formelle et d’une virtualité sémantique illimitée. Un scripteur originel, et des milliards de sens possibles, tous aussi légitimes les uns que les autres. Tout comme la peau, ils sont le véhicule d’un sens à la fois inaltérable et en devenir perpétuel. Cette peau qui a la poésie de nous contenir n’a rien d’une page blanche. Grain, couleur, épaisseur, réactivité, pilosité, cicatrices, marques, elle reflète le corps et exprime l’emprise de la biologie et du temps. Tatouages, piercings, scarifications, elle exprime l’énergie mobilisée pour répondre à cette emprise. L’individu n’existe que parce qu’il est en relation. La peau est l’enveloppe qui tout à la fois le contient et lui permet d’entrer en contact avec l’extérieur. Elle est le media du corps en interaction avec l’environnement. La peau, organe de la rencontre de soi et du monde, montre où chacun place le curseur ; vos limites sont-elles une basse clôture de bois blanc ? Une
pergola ? Un mur de pierres de trois mètres d’épaisseur ? Un no man’s land à miradors et barbelés ? Un trait à la craie sur le sol ? Le cap Horn ?
Tatoués ou pas, les sujets d’Andreas Fux, Pedro Slim et Karlheinz Weinberger ont laissé voir aux photographes leur curseur, en équilibre entre la vulnérabilité et la force, l’inconscient et le revendiqué, la maîtrise et le lâcher prise. Les contours de leur être.
Scoutés dans la rue, les jeunes mexicains qui posent pour Pedro Slim dans les années 2000 sont de beaux indifférents aux corps doux et lisses sur lequel tout glisse, à commencer par la lumière et le regard du photographe. Le grain de leur peau, intacte, pleinement biologique, et celui du tirage argentique, les placent précautionneusement hors du temps, comme de silencieuses idoles, virtuellement offertes à toutes les prières.
© Pedro Slim, courtesy Galerie Esther Woerdehoff
Les clubbeurs berlinois d’Andreas Fux ont fait, eux, de leur corps un temple. Un temple où on s’amuse bien, et soigneusement orné pour honorer son/ses dieu(x) : sexe, douleur, éveil de la conscience. Mais aussi un temple de rituels et de chemins de croix, de labyrinthes et d’initiations. Un temple fait pour se recueillir, dans la lumière blanche et radieuse du studio photo. Se marquer, se tatouer, c’est renaître. Aller à l’encontre d’un corps donné pour parfait, et se l’approprier, le marquer de sa présence par l’affirmation, “Ceci est mon corps”.
© Andreas Fux, courtesy Galerie Esther Woerdehoff
“La marque est une limite symbolique dessinée sur la peau, elle fixe une butée dans la recherche de signification et d’identité. Elle est une sorte de signature de soi par laquelle l’individu s’affirme dans une identité choisie. A défaut d’exercer un contrôle sur son existence, le corps est un objet à portée de main sur lequel la souveraineté personnelle est presque sans entraves. La marque corporelle traduit la nécessité de compléter par une initiative propre un corps insuffisant en lui-même à incarner l’identité personnelle. Elle a souvent valeur d’une mise au monde.” (In L’identité à fleur de peau, de David Le Breton, sociologue, Libération, 30 mars 2000). La construction d’une identité individuelle et communautaire, c’est ce dont témoigne, avec tendresse et méthode, Karlheinz Weinberger en faisant défiler les loulous suisses des 50’s dans l’appartement qu’il partage avec sa mère. Une jeunesse ostentatoirement rebelle, provoc, stylée, tatouée, se forgeant une attitude pour entrer dans la vie comme le plongeur dans l’eau depuis le grand plongeon, sous l’oeil fasciné d’un magasinier de Siemens zurichois.
Epidermes fins ou épais, jeunes ou tannés, intacts ou marqués, c’est le mystère sous le drap de Man Ray; à chacun sa propre énigme d’Isidore Ducasse : soi.
© Karlheinz Weinberger, courtesy Galerie Esther Woerdehoff
Pour toute information et pour les demandes de visuels, merci de contacter
Sabine Guédamour : sabine@ewgalerie.com
Cette exposition n’est pas adaptée aux enfants, certaines oeuvres peuvent choquer la sensibilité des visiteurs.
Dossier de presse à télécharger ...
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English version:
« What is deeper in a man is the skin. As he knows himself »
Paul Valéry, L’Idée fixe, 1931
Paul Valery, a mustachioed disciple of the mustachioed Mallarmé, is a claimed open source poet: « My verses have the meaning that one lends them ». They both support a formidable formal mastery and unlimited semantic virtuality. An original writer, and billions of possible meanings, all as legitimate as each other. Just like the skin, they are the vehicle of a meaning that is at once unalterable and in perpetual flux. This skin, that holds the poetry to contain us, is not a blank page. Grain, color, thickness, reactivity, hairiness, scars, marks, it reflects the body and expresses the power of biology and time. Tattoos, piercings, scarifications, it expresses the energy mobilized to respond to this influence. The individual only exists because he or she is in relation. The skin is the envelope that both contains him or her and also allows him or her to come into contact with the outside world. It is the body’s media to interact with the environment. The skin, organ of the encounter of oneself and the world, shows where each one of us places the cursor; are your limits a low white wooden fence? A pergola? A stone wall three meters thick? A no man’s land with watchtowers and barbed wire? A chalk line on the floor? Cape Horn?
Tattooed or not, the subjects of Andreas Fux, Pedro Slim and Karlheinz Weinberger let the photographers see their cursor, balancing between vulnerability and strength, the unconscious and the claimed, the control and letting go. The contours of their being. Scouted in the street, the young Mexicans who posed for Pedro Slim in the 2000s are beautiful indifferent individuals with soft, smooth bodies on which everything slides, starting with the light and the gaze of the photographer. The grain of their skin, intact, fully biological, and of the silver print, carefully place them out of time, like silent idols, virtually offered to all prayers.
Andreas Fux’s Berlin clubbers have made their bodies a temple. A temple where you have fun, and is carefully decorated to honor his / her god(s): sex, pain, awakening of the conscience. But also a temple of rituals and stations of the cross, labyrinths and initiations. A temple made to gather, in the white and radiant light of the photographer’s studio. To mark oneself, to tattoo oneself, is to be reborn. Go against a given body for perfect, and appropriate it, mark it with its affirmation, “This is my body”.
“The mark is a symbolic limit drawn on the skin, it fixes a stop in the search for meaning and identity.It is a kind of self-signature by which the individual asserts himself in a chosen identity. To exercise control over its existence, the body is an object at hand on which personal sovereignty is almost unhindered. The corporeal mark reflects the necessity of completing by a proper initiative a body that is insufficient in itself to embody the personal identity, it is often worth giving birth. “ (In L’identité à fleur de peau, by David Le Breton, sociologue, Libération, 30 mars 2000). The construction of an individual and community identity is what Karlheinz Weinberger shows with tenderness and method by having the 50’s Swiss badboys parading in the apartment he shares with his mother. A youth ostentatiously rebellious, provocative, stylish, tattooed, forging an attitude to enter life as a diver in the water since the big dive, under the fascinated eye of a Siemens storekeeper in Zurich.
Fine or thick epidermis, young or tanned, intact or marked, it is the mystery under Man Ray’s sheet; to each one his own Enigma of Isidore Ducasse: the self.
text by Carine Dolek
For any inquiries, please contact Sabine Guédamour by email at
sabine@ewgalerie.com or by phone at +33 (0)9 51 51 24 50
Warning : mature content, this exhibition is not suitable for children.
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